PARCOURS ANTICOLONIALISTE ET COLONISATION DE LA CORSE
Enfant, mon père anarcho-syndicaliste et anticolonialiste était de tous les meetings à la Mutualité, de soutien au peuple algérien, et m’emmenait avec lui. Il avait aussi de nombreux ouvrages dans notre bibliothèque, traitant du colonialisme et de la torture en Algérie.
C’est ainsi, que je pris conscience des réalités du colonialisme avec toutes ses horreurs.
A, à peine 16 ans, en 1964, je partais pour la Corse, où j’ai exercé tour à tour jusqu’en 1970, les emplois d’ouvrier agricole au service de colons rapatriés d’Algérie. -A l’époque, les Corses les désignait ainsi – ; et aussi de berger, chez des employeurs Corses.
Ouvrier agricole, je partageais les conditions de vie de mes collègues marocains. Ni moi, ni mes collègues n’étions maltraités, dans le sens physique du terme, chez mes employeurs colons, ce qui n’était pas le cas partout, selon ce que j’ai pu voir et ce qui m’avait été rapporté. Par contre, j’étais en matière de rendement, mis en compétition avec mes collègues marocains et partageais de même conditions de logement très sommaire et je n’étais pratiquement pas payé. J’étais loge dans un hangar, sans eau courante, ni électricité, ni chauffage. Nous dormions dans des lits militaires réformés et avions des couvertures rarement ou jamais lavées, qui puaient la transpiration et les produits chimiques épandus.
Mes employeurs s’epandaient devant moi en propos racistes au sujet des Marocains et même des Corses. Ils surveillaient les cadences de travail depuis leur maison avec des jumelles, ou depuis un talus dominant les terres. Je trouvais leurs attitudes très choquantes et inhumaines. Ils s’étaient appropriés les terres, comme leurs pairs , dans plusieurs endroits de la Corse. 300 hectares par ici, 400 autres par là , 200 ailleurs. Un classique de la colonisation. C’était ainsi partout en Corse, et les bergers installés depuis des générations, se trouvaient ainsi enclavés et dépossédés de leurs pacages. J’ai aussi travaillé comme berger chez des Corses, là , j’étais traité non pas comme un ouvrier corvéable à souhaits, mais en membre de la famille.
A la fin des années 60, j’ai rencontré des dirigeants régionalistes corses. Ils étaient encore loin de toute idée d’autonomie et d’indépendance. Je leur ai livré mon témoignage. Ils n’ignoraient rien de la situation bien sûr.
Fin 1969, je rentrais sur le continent, à Paris, puis à Nice. Je publirai sous mes initiales, mon témoignage intitulé » halte au colonialisme en Corse » dans deux publications, » Notre Europe », organe d’un petit mouvement nationaliste européen et » populu corsu » , organe d’un petit parti autonomiste corse d’extrême gauche, qui prônait la solidarité entre les peuples victimes du colonialisme français.
Je m’ installais à Nice, pour être plus proche de la Corse et regarder arriver et partir les bateaux desservant l’Ile. Je me rendrai chaque année, jusqu’en 1998, en Corse.
Je rencontrai à Nice divers responsables régionalistes et nationalistes Corses de sensibilités politiques différentes, mais tous étaient anticolonialistes. J’assisterai aux meetings de comités de soutien aux prisonniers politiques corses et aux réunions d’information organisées par l’association des Étudiants Corses « A Consulta ».
J »Ã©tais seulement motivé par l’anticolonialisme. Un anticolonialisme viscéral car n’a jamais cessé de m’animer.
Je suis bien sûr très attristé, chaque fois qu’une dérive se produit en Corse ; à l’encontre d’autres victimes du colonialisme français.
Très triste aussi, de voir les valeurs d’hospitalité, d’humanité et de tolérance, partie intégrante de l’identité corse, disparaitre de la Corse ; conséquences ultimes de changements de mentalités, dûs à une constante migration française.
Je suis déçu par les dirigeants nationalistes et indépendantistes Corses à la tête de l’Assemblée de Corse. Leur politique ne correspondant pas à ma vision d’un vrai combat anticolonialiste. Si l’indépendantisme et le nationalisme, peuvent être des instruments politiques de libération et de décolonisation, ils peuvent aussi être des instruments de domination, d’oppression et d’exclusion. Cependant, je fonde mes espoirs sur le mouvement » A Manca », dont la devise est » Semu Tutti fratelli » et qui affiche une solidarité internationaliste dans ses prises de position, pour redresser la situation, s’il sait se débarrasser de la tutelle parisienne du NPA. Et peut-être aussi l’émergence d’un nouveau mouvement.
Ce parcours anticolonialiste, ne me fit jamais oublier la situation de colonisé d’une grande partie de la population française ; donc bien sûr, de la mienne, dans notre propre pays et ne cesserai de la dévoiler. Il n’est pas nécessaire d’être minoritaire sur sa terre pour vivre une telle situation. Il suffit que tous les pouvoirs soient concentrés entre les mains d’une minorité d’individus et que la majorité soit dépossédée de ses droits.
L’anticolonialisme ne se divise pas, non plus. On ne peut être victime du colonialisme et se comporter en colonisateur à l’égard d’autres victimes.
Beaucoup de gens , croient, bien à tort, que le terme de colonisé est réservé aux peuples minoritaires et jadis, aux peuples d’Afrique, pourtant c’est le terme le plus approprié pour définir la situation ; chaque fois que des hommes sont dépossédés de leurs droits, de leur identité ; humiliés et méprisés. Puissent-ils, les Français, prendre enfin, conscience de leur situation et se réveiller.
https://leblogdedanielmilan.wordpress.com/2018/12/17/nous-sommes-tous-des-colonises/?preview=true
Les Gilets Jaunes seront-ils les moteurs de ce réveil et à la hauteur de la tâche ?
Je le souhaite vraiment.
Daniel Milan
(3 février 2019 )
MES ÉCRITS ANTICOLONIALISTES SUR LA CORSE
http://lejournaldessurvivants.centerblog.net/m/146-la-corse-les-nationalismes-corses-et-moi
http://lejournaldessurvivants.centerblog.net/m/142-idente-corse-et-son-devenir-national
http://lejournaldessurvivants.centerblog.net/m141-independance-de-la-corse-un-droit-legitime
LA DÉMOGRAPHIE DE LA CORSE
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Démographie_de_la_Corse
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Corses
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Corse
http://www.toute-la-corse.com/fr/1-4-0-0-20/geographie-la-population.htm
L’HISTOIRE DE LA CORSE
http://www.cosmovisions.com/histCorse.htm
http://www.vacances-corses.com/2010/11/18/ponte-nuovo/
HISTOIRE DU NATIONALISME CORSE
https://www.uribombu.corsica/?p=2091
https://www.histoire-image.org/fr/etudes/autonomisme-corse-entre-deux-guerres-muvra
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Nationalisme_corse
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mouvement_pour_l%27autod%C3%A9termination
http://michelpeyret.canalblog.com/archives/2018/02/08/36123338.html
ANTICOLONIALISME
9 commentaires sur « 🔴PARCOURS ANTICOLONIALISTE »